1. Pourquoi la culpabilité nous ronge-t-elle ?
Depuis notre plus tendre enfance, nous apprenons ce qui est bien, ce qui est « mal », ce qu’on doit faire, ce qui est interdit, ce qu’il faut croire, ce qu’il ne faut pas dire, ce qu’il faut être, ce(ux) qu’il faut éviter… Cette éducation est liée à l’histoire et à la culture de chacun.
Ces différentes règles forment une norme morale et permettent à la collectivité de fonctionner de façon cohérente et plus ou moins harmonieusement pour le bien de tous. Malheureusement (ou heureusement selon le point de vue), nous avons besoin de tester les limites, de réaliser de nouvelles expériences, de nous rebeller… et parfois tout simplement de pouvoir être « nous-même » sans toutes ces contraintes qui nous sont imposées. Tout cela est relativement légitime car lié à notre condition humaine. Grâce à cela, les mentalités ont pu évoluer sur de nombreux sujets.
La culpabilité entre en jeu lorsque nous avons agi à l’encontre de ces règles et que nous en regrettons les conséquences vis-à-vis des autres (blessure, reproche, rejet, abandon, chantage…) ou vis-à-vis de nous-même (honte, humiliation, dégoût de soi…). Ce peut être à la suite d’un acte honteux, blessant ou violent et généralement après avoir constaté le tort que nous avons fait à autrui (ou que nous aurions pu lui faire). Parfois, elle intervient à l’inverse lorsque nous nous reprochons de ne pas avoir agi.
2. A quoi sert la culpabilité ?
2.1 Définition
Le dictionnaire Larousse nous donne deux définitions de la culpabilité.
- État de quelqu’un qui est coupable d’une infraction ou d’une faute
- Sentiment de faute ressenti par un sujet, que celle-ci soit réelle ou imaginaire
2.2 Les émotions qui se cachent derrière la culpabilité
Ce ressenti émotionnel est un mélange de honte (forme d’humiliation devant autrui), de tristesse (douleur liée à une perte), de mépris (fait de se considérer comme indigne d’estime) et de colère (mécontentement face à une situation).
2.3 Le message de cette émotion désagréable
Associée à l’idée de faute (nous sommes « coupables »), la culpabilité est une émotion qui nous indique que nous sommes en décalage entre nos valeurs morales et nos actes ou nos pensées. Proche du remords, nous portons un jugement sur ce que nous avons fait (ou imaginé faire) et que nous n’assumons pas. Cet état désagréable, qui se manifeste par des tensions et de l’agitation, nous pousse à agir jusqu’à retrouver l’apaisement. Lorsque cet état dure trop longtemps, il fatigue l’esprit et peut conduire à l’anxiété et la frustration, parfois même à la dépression.
Sans cette émotion, nous finirions par devenir des êtres antipathiques ayant tendance à privilégier des actes égoïstes sans nous soucier des autres. Cela aurait des conséquences lourdes sur la communauté à laquelle nous appartenons et finirait pas créer des conflits de toutes sortes. La culpabilité est donc le premier régulateur du fonctionnement social (des familles, des sociétés, des pays…).
3. Comment se libérer de la culpabilité ?
Comme l’indique le dictionnaire Larousse (voir définitions ci-dessus), il faut distinguer deux types de culpabilité. Celles liées à :
- une action (ou inaction) qui a porté préjudice à autrui ou à la collectivité,
- un jugement que l’on porte sur soi suite à ce que l’on considère comme une faute dont nous sommes responsables.
3.1 La culpabilité associée à une action préjudiciable
3.11 Le contexte
Lorsque ce que vous avez fait ou laissé faire a eu des conséquences dommageables pour autrui, vous avez une « dette » liée à la réparation matérielle ou morale. Rappelez-vous cependant que celle-ci doit être proportionnée aux faits commis, ni plus, ni moins. C’est en payant ce prix que vous retrouverez votre sérénité.
Si cette action est inscrite dans la loi (cas des actes aux conséquences graves), vous devrez payer une somme d’argent, vous acquittez de travaux d’intérêts généraux, faire de la prison… pour compenser le préjudice subi.
3.12 Ce que vous pouvez faire
Dans les autres cas, il s’agit d’assumer votre responsabilité dans ce qui s’est passé et proposer une solution apaisante pour l’ensemble des parties concernées. Voici différentes options que vous pouvons mettre en œuvre :
- assumer le fait d’être responsable de la situation et accepter les conséquences associées,
- vous excuser si vous avez tenu des propos blessants,
- agir sur la situation (sauver ce qui peut encore l’être) si c’est toujours possible,
- réparer ou remplacer le matériel cassé ou abimé,
- proposer vos services pour aider (en compensation),
- apprendre de vos erreurs pour éviter que la situation ne se reproduise,
- transmettre à d’autres la leçon de vie que vous avez apprise,
- créer une association pour soutenir une cause que vous avez mise à mal…
3.2 La culpabilité liée à un jugement personnel
3.21 Ce qui la provoque
Très souvent, ce sentiment intervient lorsque nous portons un jugement sur nous-même. Son origine peut prendre différentes formes :
- pensées dites immorales selon notre éducation (exemple des fantasmes),
- impression de ne pas être à la hauteur des attendus d’autrui (ou des siennes) comme c’est le cas pour de nombreux perfectionnistes
- répétition d’échecs successifs alors que nous avons les capacités pour réussir,
- interprétation de sentiments ou propos que les autres vont peut-être ressentir ou dire à cause de nous,
- fait de croire que nous avons ou allons commettre une faute sans que cela soit véritablement avéré (souvent associé au fait de se faire plaisir de façon égoïste),
- croire ne pas mériter ce qui arrive (d’être en vie, d’avoir obtenu une promotion)
- avoir dû faire un choix insoluble conduisant nécessairement à un conflit de valeurs (mentir pour sauver des innocents)
- peur d’avoir causé du tort à autrui sans l’avoir vérifié auprès de la personne concerné,
- etc…
Cette forme de culpabilité présente souvent un écart entre la réalité vécue (factuelle) et celle perçue (émotionnelle / imaginaire). Ce décalage nous empêche de nous libérer de cette émotion car il implique une disproportion entre « dette » et « prix à payer. D’autant plus que s’estimer coupable ne signifie pas systématiquement que cela soit justifié. Il s’agit alors plus d’un désaccord intérieur qui nous apporte des angoisses inutiles. Il est donc important de vous écouter et de comprendre ce qui a suscité cet état au lieu de choisir de vous auto-punir sans que cela ne soit réellement pertinent et efficace émotionnellement.
3.22 Pour vous libérer de la culpabilité
Pour vous libérer de la culpabilité dans ce contexte, voici 10 conseils que vous pouvez mettre en œuvre…
Conseil n°1 : Questionnez-vous sur le message d’action qu’elle véhicule
Commencez par considérer la culpabilité comme une émotion porteuse d’un message d’action : acceptez-la et prenez de la hauteur pour comprendre ce qui en est à l’origine et ce que vous pouvez faire pour y remédier. Questionnez-vous également sur les bénéfices cachés de cette situation. Vous découvrirez peut-être des réponses surprenantes.
Conseil n°2 : Faites la part entre ce qui vous appartient et ce qui appartient à l’autre
Éloignez-vous ou protégez-vous des personnes qui cherchent à vous faire culpabiliser (souvent ce sont nos propres parents !) : rendez à César ce qui lui appartient. Vous n’êtes pas coupables de tout ce qu’on vous reproche (même si parfois vous devez en assumer les conséquences). Dites-vous que ceux qui vous jugent devraient balayer devant leur porte (comme le disait Jésus « que celui qui a péché lui jette la première pierre »). Si cela ne suffit pas, notamment dans le cas de chantage (affectif par exemple), prenez conseil auprès de personnes de confiance ou d’associations.
Conseil n°3 : Remettez en cause les règles qui vous amène à cet état
Questionnez-vous sur la pertinence des règles qui ont été bafouées selon vous : sont-elles effectivement adaptées ou sont-elles obsolètes et dénuées de bon sens ? Remettez-les en cause si vous estimez qu’il faut réévaluer le bien-fondé des règles enfreintes et les ajuster aux circonstances actuelles.
Conseil n°4 : Agissez en adulte responsable
Regardez-vous comme un adulte responsable de ses choix, désirs et actes, et non comme une victime de votre éducation, de votre culture, de votre statut social, de votre pays… Ce qui est fait est fait et vous ne pouvez pas changer le passé. Par contre, vous pouvez agir sur le présent et le futur…
Conseil n°5 : Apprenez à vous pardonner
Pardonnez-vous d’être qui vous êtes et d’avoir agi comme vous l’avez fait. Un précepte de la PNL (Programmation Neuro-Linguistique) indique que chacun fait les meilleurs choix possibles à chaque instant. Auriez-vous réellement pu agir différemment dans cette situation, à ce moment-là, compte tenu de votre histoire, vos croyances, vos émotions (parfois paralysantes comme la peur), vos besoins, vos désirs inconscients… Vous êtes un être humain avec des qualités mais aussi des faiblesses. Acceptez d’être imparfait : c’est votre imperfection qui vous rend unique et merveilleux. Cela passe par la connaissance de soi et des valeurs qui vous sont chères. Vous pourrez ainsi retrouver également la confiance et l’estime de vous-même.
Conseil n°6 : Vous avez le droit de vous faire plaisir aussi !
Acceptez aussi d’être égoïste, c’est-à-dire à trouver un équilibre entre le fait de faire plaisir aux autres et celui de faire ce que vous aimez. Vous avez aussi besoin de vous ressourcer, surtout quand la pression de l’environnement ou de l’entourage est forte. Comme le dit une amie, de temps en temps, sachez dire « fuck les autres ! ». Autorisez-vous à vivre et à être aligné avec vos aspirations profondes !
Conseil n°7 : Faites en sorte de pouvoir respecter vos engagements
Évitez de vous mettre en situation où vous ne pourrez pas respecter vos engagements (parce que vous ne savez pas comment dire non ou poser des limites claires par exemple)
Conseil n°8 : Apprenez de vos erreurs
Apprenez de vos erreurs pour éviter qu’elles ne se reproduisent à nouveau. Voyez cette expérience comme une source d’apprentissage et cherchez des solutions pour ne plus vous retrouver dans la même situation.
Conseil n°9 : Modifiez vos schémas de pensées
Travaillez sur vos schémas de pensées en vous faisant aider si besoin d’un professionnel de la relation d’aide. Vous avez le droit d’être heureux ! Utilisez des phrases comme « je veux », « j’assume », « je me sens libre » pour modifier vos croyances limitantes.
Conseil n°10 : (Re)lisez les 4 accords toltèques
Lisez le livre de Miguel Riuz « Les 4 accords toltèques » dont les principes sont les suivants : que votre parole soit impeccable, ne faites aucune supposition, n’en faites jamais une affaire personnelle, faits toujours de votre mieux
Et comme le dit l’adage, mieux vaut avoir des remords que des regrets !
S’aimer véritablement c’est se donner le droit de vivre toutes sortes d’expériences en tant qu’humain pour apprendre sur soi.
Lise Bourbeau
Je vous invite à commenter et partager.
Autres sujets en lien avec l’article :
Laisser un commentaire