Interview de Julien Moreau, praticien de médecine chinoise, par Sophie Herrault – coach en motivation et intelligence émotionnelle et romancière (www.livre.sophieherrault.fr)

Sa démarche : Sensibiliser les gens à la prévention de leur santé.


Présentation de Julien Moreau – Praticien de médecine chinoise

Sophie Herrault : Bonjour à tous ! Julien Moreau est praticien de médecine chinoise. Son but est d’aider les personnes dans leurs maux quotidiens en se défaisant des équilibres ou des contraintes qu’ils ont fait entrer dans leurs habitudes et devenues désormais néfastes.

Sophie Herrault : Qu’est-ce qui t’a amené à devenir praticien de médecine chinoise ?

Julien Moreau : Ce fut un parcours progressif. J’ai découvert le massage traditionnel thaïlandais, à Chiang Mai en Thaïlande. Après 6 mois de voyage je suis revenu en France pour promouvoir cette culture asiatique que j’avais découverte. Mais je ne voyais pas d’ouverture en France autant que maintenant. J’ai décidé de faire d’une pierre, deux coups. Je suis parti en Australie pour améliorer mon anglais et rencontrer une société ouverte aux différences. Ce fut là-bas que j’ai découvert la médecine chinoise en pratiquant le massage dans une clinique de médecine chinoise. Le discours était clair et logique. A mon retour en France, il m’est apparu évident que je devais avoir un outil diagnostic pour répondre aux demandes des gens qui venaient vers moi. La médecine chinoise s’est naturellement imposée à moi comme une évidence.

Pourquoi la médecine chinoise a-t-elle pris autant de place en Occident ?

Sophie Herrault : Pourquoi la médecine chinoise a-t-elle pris autant de place en Occident ?

Julien Moreau : Je ne trouve pas qu’elle ait prise tant de place que ça. Mais si c’est ce que pensent certaines personnes, c’est qu’elle doit faire parler d’elle. Elle est vraiment présente en Afrique et de part le monde, mais pas trop en France. Eric Marié donne une explication. Lorsque les médecins occidentaux sont allés en Chine observer leurs homologues, ils ont trouvé normal de voir des médecins échanger avec un patient et lui faire une prescription. Par contre, ils ont trouvé extraordinaire de planter des aiguilles fines dans le corps. Il leur était facile de ramener une petite boîte d’aiguilles qu’ils ont ensuite fait reproduire par des orfèvres de l’époque. Il leur était beaucoup plus difficile de s’intéresser à la pharmacopée chinoise qui nécessite d’apprendre les milliers de plantes et substances médicinales. Ce qui leur aurait pris des années d’apprentissage.

La facilitée d’importation des aiguilles est une raison pour laquelle la médecine chinoise s’est facilement répandue mais c’est aussi et surtout la logique d’interprétation de l’être humain. La médecine chinoise explique le fonctionnement du corps avec beaucoup de métaphores et de parallèles avec la nature, et on prend la personne dans sa globalité. Il y a certes beaucoup d’informations à connaître pour celui qui souhaite être praticien mais les clients recherchent des méthodes de prévention de santé régulatrices et non combatives. Les médicaments ont acquis une réputation de guérir d’un côté et endommager de l’autre. Les gens recherchent autre chose.

Les outils et discipline de la médecine chinoise

Sophie Herrault : La médecine chinoise regroupe plusieurs disciplines et outils. Peux-tu expliquer en quoi cela consiste ?

Julien Moreau : Il existe effectivement différentes disciplines.

Le TuiNa (sorte de massage)

Le massage chinois diffère des techniques de massage occidentaux grâce au concept énergétique sur lequel il repose (harmonisation du QI – se prononce CHI, l’énergie présente dans le corps), mais aussi en raison de la multiplicité des types de manipulations qui sont rigoureusement classées selon leur forme, force et fonction. Le massage agit sur différentes parties et fonctions du corps. Il élimine les blocages et stimule les capacités de l’organisme. Cela favorise la circulation sanguine et énergétique et contribue à diminuer la douleur. Et il peut aussi être envisagé comme massage détente.

Les termes : « tui » = pousser et « na » = saisir correspondent aux deux manipulations utilisées dans le massage chinois. On le nomme aussi parfois « An Mo », en référence aux deux techniques : « an » : presser et « mo » : frotter. D’où l’appellation du massage « Tui Na An Mo ».

La moxibustion

La moxibustion consiste à apporter de la chaleur sur des zones choisies du corps dans le but de réchauffer ou d’augmenter le Qi, là où le corps en a besoin. Dans cette pratique, on se sert d’un bâton composé de plante, dont l’artimisia vulgaris séchée. Le moxa est l’objet chauffant qui permet cette stimulation. Sa combustion lente et douce permet cet apport de chaleur sans brûler la peau.

Les ventouses

Les ventouses consistent à créer une succion locale afin de décongestionner une zone et ainsi refaire circuler le Qi. La méthode consiste à appliquer des petits récipients, souvent en verre, de différentes tailles et dont l’entrée est moins large que le fond, sur la peau. La pose des ventouses se fait par la technique du flambage : un tampon d’ouate imbibé d’alcool est allumé et passé à l’intérieur de la ventouse pour y produire une pression négative. Ensuite on place celle-ci sur une zone spécifique de votre corps. Il peut dans certains cas y avoir des contres-indications, par exemple pour les personnes sous traitement anticoagulant ou les personnes faibles.

L’acupuncture

C’est une technique qui consiste à insérer des aiguilles fines sous la peau afin de capter et influer sur le flux d’énergie dans le méridien (canal énergétique).

La pharmacopée

La pharmacopée chinoise est l’une des branches de la médecine chinoise traditionnelle. Elle comporte un large éventail de produits, depuis les plantes médicinales (comprenant, racines, plantes, graines et champignons) utilisées seules ou en mélange, jusqu’à des décoctions intégrant des extraits animaux ou minéraux.

Chacune des prescriptions d’herboristerie est un cocktail de plantes élaboré sur mesure pour le patient. Un assortiment d’herbes médicinales est généralement infusé 6 à 7h durant la nuit. Le praticien conçoit habituellement un remède en utilisant un ou deux ingrédients principaux qui visent la maladie. Puis il ajoute d’autres ingrédients pour ajuster la formule aux conditions yin/yang du patient. Parfois, des ingrédients sont nécessaires pour annuler la toxicité ou les effets secondaires des principaux ingrédients. Certaines herbes requièrent l’utilisation d’autre ingrédients qui agissent à la manière de catalyseurs ou sinon l’infusion est inefficace. Les dernières étapes exigent beaucoup d’expérience et de connaissance, et font la différence entre un bon herboriste et l’amateur. À la différence de la médecine occidentale, l’équilibre de l’ensemble des ingrédients est considéré comme plus important que les effets des ingrédients séparés.

L’herboristerie chinoise incorpore des ingrédients provenant de toutes les parties de la plantes, feuille, tige, fleur, racine.

L’utilisation d’espèces menacées (tel que les hippocampes, la corne de rhinocéros et l’os de tigre) a créé des polémiques et a eu comme conséquence l’apparition d’un marché noir qui a encouragé le braconnage d’espèces menacées. Cependant les laboratoires reconnus qui s’occupent de l’importation de la pharmacopée chinoise respectent les lois de protection des espèces. En occident, nous ne prescrivons pas de substances médicinales issues d’animaux protégés.

La diététique

Le principe général de la diététique chinoise est que pour traiter des maux « Yang », il faut consommer des aliments « Yin », et vice-versa. L’autre principe consiste en une autre répartition des aliments que celle occidentale : la diététique chinoise privilégie les céréales et les légumes cuits.

Plusieurs autres principes fondamentaux sont respectés dans cette discipline :

  • La nature des aliments (les aliments froids, frais, neutres, tièdes ou chauds)
  • L’équilibre des saveurs : saveurs yin et saveurs yang
  • Le respect des proportions

Le Qi Gong médical

Le qi gong, qigong, chi gong ou chi kung est une gymnastique traditionnelle chinoise et une science de la respiration fondée sur la connaissance et la maîtrise du souffle et qui associe mouvements lents, exercices respiratoires et concentration. Le terme signifie littéralement « réalisation ou accomplissement relatif au qi », ou « maîtrise du souffle »

Un vocabulaire qui ne doit pas empêcher l’expérience

Sophie Herrault : Certaines personnes peuvent trouver les termes employés un peu ésotériques (le « Qi » pour parler d’énergie…) et en avoir peur. Que leur réponds-tu ?

Julien Moreau : Je dirai que la peur ne tue pas, elle indique seulement si, selon son degré, il y a quelque chose d’important pour nous ou si au contraire il y a un danger qu’il faut éviter. Je doute que l’utilisation du mots Qi rentre dans le deuxième cas.  Je répondrai de se former, garder l’esprit ouvert et de tester une séance chez un praticien de médecine chinoise formé. Soyez rassurés, un praticien suit un cursus officiel de 5 ans, c’est une discipline à part entière et très sérieuse. Même si les mots peuvent impressionner, car la compréhension occidentale de ces termes représente parfois un obstacle, le fondement reste simple et il n’y a aucune raison d’avoir peur.

Médecine chinoise : préventive ET curative

Sophie Herrault : Beaucoup de personnes viennent consulter pour soulager des maux (curatif) alors que la médecine chinoise est désignée comme étant préventive. Comment cette pratique arrive-t-elle à concilier ces deux aspects ?

Julien Moreau : La médecine traditionnelle chinoise regarde l’équilibre énergétique d’une personne, un ensemble de symptômes va montrer un déséquilibre. Après, lorsque l’on dit curatif ou préventif, c’est selon moi très subjectif. Car deux personnes peuvent consulter pour des maux de tête, l’une a des céphalées chroniques et se dit malade et donc va chercher un traitement curatif. Pour l’autre personne qui a un mal de tête ponctuel de même intensité dû à une situation particulière, mais étant habituée à s’observer, elle va venir demander de l’aide pour réguler le système énergétique et ne va pas se considérer forcément malade. Et le traitement va peut-être être similaire.

Cette pratique concilie ces deux aspects en cherchant à traiter la racine profonde (la cause) du déséquilibre et non la branche (symptôme). Cette cause peut être alimentaire, émotionnelle, constitutionnelle, liée aux habitudes de vie ou physiologique.

3 conseils pour soulager ses maux quotidiens

Sophie Herrault : Quels seraient les 3 conseils que tu donnerais aux personnes qui cherchent des méthodes alternatives pour les soulager de leurs maux quotidiens ?

Julien Moreau :

  1. Parler autour de soi pour que des gens de confiance leur recommande quelqu’un.
  2. Tester différents praticiens, pour trouver celui en qui vous aurez confiance
  3. Regarder les formations de ces praticiens, et en passant par Médoucine, c’est un bon site car les compétences sont vérifiées en amont.

En savoir plus sur Julien Moreau

Sophie Herrault : Pour les personnes qui aimeraient en savoir plus sur ta pratique, comment peuvent-ils te contacter ?

Julien Moreau : Par téléphone ou via medoucine.com pour prendre rendez-vous

Les liens utiles :

Sophie Herrault : Un grand merci, Julien, pour tes réponses.

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