1. Pourquoi utiliser la Communication Non Violente ?

La communication est l’élément fondateur d’une relation. Cependant, certains échanges peuvent être stériles ou ne servir qu’à envenimer un environnement déjà tendu. Pourtant, nous avons besoin de dire ce que nous ressentons et parfois même de faire entendre notre point de vue même s’il ne s’appuie pas que sur des éléments rationnels. Remettre les émotions au cœur de la relation, pouvoir défendre ses idées, résoudre un conflit, dire ce qui ne nous convient pas… sont autant de raisons qui peuvent nous pousser à utiliser cette méthode de communication.

2. Qu’est-ce que la Communication Non Violente ?

Marshall B. Rosenberg, l’auteur du livre « Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs) », est à l’origine de la CNV. La Communication Non Violente permet d’exprimer à l’autre la façon dont nous vivons la situation d’une manière qu’il puisse l’entendre. L’objectif est d’exprimer ce que nous désirons sans susciter d’animosité pour ainsi faire évoluer la situation. Lorsque les agissements d’une personne créent un sentiment de malaise, de colère, de frustration, de tristesse…, il est important de pouvoir lui exprimer ce que nous ressentons de façon bienveillante et ce que nous attendons d’elle pour aller mieux. La Communication Non Violente est basée avant tout sur la situation telle que nous l’avons vécue pour permettre à l’autre de mieux comprendre ce qui nous a traversé. Elle utilise principalement le « je » plutôt que le « tu » qui a tendance à être interprété comme une critique et à être rejeté par l’autre.

3. Comment communiquer de façon non violente ?

Très souvent, nous communiquons « à l’envers » en commençant par dire à l’autre ce qu’il doit faire au lieu de l’amener à comprendre ce qui suscite cette demande.

La Communication Non Violente est constituée de 4 composantes dont l’ordre à son importance :

  1. Relater les faits de façon objective
  2. Exprimer les émotions que ces faits suscitent
  3. Indiquer le besoin qui n’est pas satisfait
  4. Clarifier notre demande vis-à-vis de l’interlocuteur

        3.1 Relater les faits de façon objective

Pour être entendu, il vous faut d’abord trouver un terrain d’entente sur lequel chacun est d’accord avec ce qui est dit. En donnant des éléments factuels, observables par n’importe quelle personne présente dans le contexte au moment de leur réalisation, vous posez une base neutre qui ne peut être remise en question. Attention, car un fait n’est ni un jugement (qui implique une notion de moralité autour du bien et du mal), ni une opinion qui reste un point de vue personnel.

Les faits ne s’accommodent pas de généralités (tout le temps, toujours, jamais…). Ils doivent être spécifiques et précis. Rappelez-vous de privilégier le « je » au « tu », vous aurez ainsi plus d’écoute :

  • « Tu es toujours en retard » VS « Je t’ai attendu plus de 20 minutes à nos trois derniers RDV »
  • « Tu ne m’écoutes jamais » VS « J’ai l’impression que tu ne m’écoutes pas quand je te parle »

               3.2 Exprimer les émotions que ces faits suscitent

Une fois les faits rappelés, il est important d’expliquer les émotions désagréables que vous avez traversées en lien avec ceux-ci. L’émotion explique en partie nos comportements et nos propos. Venant de ce que nous vivons intérieurement, là encore, elles ne peuvent être remises en question par l’interlocuteur et sont donc assimilées à des faits. Il est difficile de dire à quelqu’un « non, tu ne souffres pas » ou « non, ce n’est pas vrai que tu es en colère » (même si nous avons tendance à dire aux enfants « mais non ce n’est rien, tu n’as pas mal même si tu viens de t’écorcher le genou » !) En parlant de nos émotions, nous faisons appel à l’empathie de la personne à qui est destiné le message. Nous lui rappelons que nous sommes tous les deux des êtres humains. Cette étape est donc extrêmement importante avant de passer à la suivante.

               3.3 Indiquer le besoin qui n’est pas satisfait

L’émotion et le mal être qui l’accompagne sous-tendent un besoin qui n’est pas satisfait et qui doit être verbalisé pour être pris en considération. Si nos besoins sont légitimes, ils ne doivent pas être nécessairement comblés par notre interlocuteur. En posant des mots sur vos besoins, vous pourrez aussi mieux appréhender ce qui vous manque et réfléchir à la façon dont ils peuvent être assouvis que ce soit par l’autre ou vous-même. Il y a toujours plusieurs façons de nourrir un besoin quel qu’il soit. Vos besoins sont souvent en lien avec vos valeurs. Et là aussi, vous devez pouvoir indiquer les valeurs qui sont mises à mal dans ce contexte (respect, honnêteté, engagement, famille…)

3.4 Clarifier notre demande vis-à-vis de l’interlocuteur

Pour finir, vous devez exprimer très clairement ce que vous attendez de l’autre. Il n’est en effet ni voyant, ni télépathe et ne peux pas deviner vos attentes si vous ne les formulez pas. Le fait d’avoir expliqué lors des trois précédentes étapes le pourquoi de votre demande devrait permettre d’obtenir une écoute et une acceptation de celle-ci. Pour autant, cela ne signifie aucunement que l’autre est obligé de se soumettre à vos désidératas. Lui-même peut avoir d’autres besoins, envies, contraintes dont il vous faut aussi tenir compte, voire accepter en cas de refus. Quoi qu’il en soit, la phrase « qui ne demande rien, n’a rien » reste valable et le plus important est d’avoir pu vous exprimer. Bien évidemment, si la situation reste bloquée parce que votre interlocuteur ne veut pas se remettre en question ou qu’il souhaite que vous teniez vous aussi compte de ses propres besoins, vous devrez envisager une autre demande, faire des compromis acceptables par chacun ou agir différemment.

4. Conseils pour utiliser la CNV chaque fois que c’est nécessaire

La CNV est loin d’être une communication naturelle. Elle peut nécessiter du temps pour être intégrée. Quelques astuces pour l’instaurer dans votre quotidien…

  1. Utiliser un mémo qui reprend les 4 phases de la CNV et affichez-le de façon à l’avoir sous les yeux au moment opportun. Vous aurez ainsi un support pour vous guider (sur le frigo de la cuisine, à côté de l’ordinateur, sur votre main…)
  2. Ecrivez à votre interlocuteur si vous n’êtes pas à l’aise à l’oral. Vous pourriez commencer par : « Quand je communique à l’oral avec toi, j’ai le sentiment que nous n’arrivons pas à nous comprendre. J’ai besoin que tu puisses voir aussi les choses telles que je les vis. C’est pourquoi j’aimerais que nous utilisions un nouvel outil qui s’appelle la CNV et qui me parait intéressant pour que nous puissions renouer le dialogue sereinement. Je vais commencer par l’appliquer à l’écrit où je me sens plus à l’aise. Je voudrais savoir ce que tu en penses et comment tu vois les choses de ton côté. »
  3. Donnez-vous aussi le droit de revenir sur ce que vous avez dit (méa culpa / reset) pour reformuler selon la CNV si vous ne l’avez pas mis en application et que la conversation dérape. « Je perçois ta réaction et je me dis que je me suis mal exprimé(e). Je m’en voudrais que tu le prennes mal. J’ai besoin de te dire ces choses mais je veux le faire d’une façon bienveillante pour nous deux. Es-tu d’accord pour que je reformule mes propos. »

Et vous, comment communiquez-vous ? Dans quel contexte en particulier l’utilisez-vous ? Quels effets avez-vous pu constater en suivant cette méthodologie ?

Je vous invite à commenter et partager.

Communiquer, c’est aussi indiquer ses limites. Celles-ci prennent la forme de demandes visant à modifier chez l’autre un comportement et non à espérer changer ce qu’il est fondamentalement.

Jean-François Vézina – L’aventure amoureuse

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