1. Le dénigrement : les motivations
Face à un manager ou à une personne de votre entourage qui (vous) dénigre, comment réagir ? Quelles sont les pratiques qui permettent de stopper la situation ?
Plusieurs raisons peuvent pousser une personne à critiquer dans l’intention de blesser et de dévaloriser l’autre :
- Jeter un discrédit pour lui permettre d’assoir son autorité,
- Enlever les bénéfices de ce qui a été fait pour éviter d’en subir les conséquences (diminution de ses responsabilités au profit de quelqu’un d’autre, augmentation de salaire à son détriment…),
- La rassurer sur le pouvoir qu’elle exerce et par là-même la confiance en elle qu’elle veut défendre au regard des autres,
- Rééquilibrer une situation dans laquelle elle est en porte-à-faux en « chargeant » celui qui l’a mis en défaut,
- Éviter d’être seul(e) à souffrir…
2. Le dénigrement : les acteurs
Les principales raisons sont liées à l’histoire et à la personnalité du persécuteur et de la victime. Dans une très grande majorité de cas cependant, vous constaterez qu’il s’agit généralement d’un problème lié à l’estime de soi de ces derniers.
2.1 L’agresseur
En tant qu’être humain, nous avons tous besoin de reconnaissance et d’amour ainsi que l’explique Éric Berne, psychiatre américain fondateur de l’analyse transactionnelle (AT). Éric Berne appelait ces signes de reconnaissances des « stockes », stroke en anglais signifiant caresse ou coup de pied. La reconnaissance peut se manifester de façon positive lorsqu’elle s’effectue dans un contexte d’amour, de bienveillance, de compassion, de tendresse… Elle peut aussi prendre une forme négative quand, pour avoir le sentiment d’exister, plutôt que d’expérimenter l’indifférence, l’individu cherche des réactions de son entourage basées sur le rejet, la colère, la haine… Certains peuvent être inconditionnels (basé sur l’être) et d’autres conditionnels (basés sur l’action). Devenu adulte, certaines personnes ne savent pas gérer la relation autrement que par des strokes négatifs, faute d’avoir été « éduqué » et reconnu autrement.
2.2 Le choix de la victime
Cette situation n’est pas « complètement » le fruit du hasard. Vous constaterez que ce sont souvent les personnes en manque de confiance en elles, en difficultés dans leur vie personnelle et relationnelle et / ou dans un état psychologique fragile (déprime, dépression) qui en font les frais… Les personnes qui ne présentent pas ces caractéristiques savent se défendre et riposter. Le comportement auquel elles doivent faire face prend rapidement fin car l’agresseur ne trouve pas satisfaction de ses besoins au travers de ce type de relation.
3. Le dénigrement : le triangle de Karpman en action
Stephen Karpman a mis en évidence les interactions entre les rôles de victime, persécuteur et sauveur que peuvent prendre certaines personnes dans un contexte donné. A partir du moment où quelqu’un dénigre un tiers, il prend d’office le rôle de persécuteur et place le tiers en question dans un rôle « potentiel » de victime (potentiel, car comme nous le verrons plus loin, il est possible de refuser ce rôle). Un sauveur peut venir éventuellement compléter le triangle. Le rôle que chacun prend dans ce triangle relationnel peut être interverti et le persécuteur peut devenir la victime du sauveur, lui-même prenant alors la place du persécuteur, etc… !
4. Le dénigrement : comment y faire face ?
4.1 Quand vous êtes à l’origine du dénigrement
Nous avons toujours une raison d’agir comme nous le faisons, que ce soit pour des questions d’estime de soi, de peurs, de croyances, d’éducation… Cependant, vous pouvez décider d’agir différemment et de devenir quelqu’un d’autre.
Le manque d’estime de soi
Malheureusement, ce n’est pas en dévalorisant quelqu’un que cela vous valorise et vous place en haute estime. C’est même bien souvent l’inverse qui se produit.
Pour pouvoir gagner l’estime des autres, valorisez-les, faites-les grandir, reconnaissez le travail qu’elles font et leurs qualités en commençant par un état des lieux pour vous-même le plus objectif possible.
Les projections
Une projection, dans le domaine de la psychologie, est une pensée, une croyance, une émotion… qui nous appartient et que l’on va cependant attribuer à l’autre. L’adage « c’est celui qui le dit qui l’est » illustre parfaitement ce concept. Autrement dit, vous reprochez à l’autre ce que vous vous reprochez à vous-même sans pour autant pouvoir vous l’avouer (processus de défense inconscient).
Réfléchissez à ce que vous dites aux autres et regardez en quoi cela pourrait s’appliquer à vous. Cet exercice d’introspection est difficile à mener car par définition, vous êtes en résistance inconsciente sur le sujet. Faites-vous aider par des professionnels de la relation pour vous aider à faire le point.
4.2 Quand vous êtes la victime
Reprendre confiance en soi
On n’est pas choisi par hasard pour jouer le rôle de la victime. Recherchez dans vos comportements, votre situation, ce qui a pu conduire votre agresseur à s’en prendre à vous. Il a sans doute identifié une faille qu’il exploite.
Faites un travail de développement personnel ou de thérapie pour reprendre confiance en vous et souvenez-vous que le rôle de victime que l’agresseur vous propose peut être décliné en toutes circonstances. Pensez à en parler à vos proches, au département RH s’il s’agit de votre manager, afin de ne plus être isolé et de mettre fin plus facilement aux agissements de la personne.
Faire preuve d’indifférence
Rien, n’est pire que l’absence de réaction pour celui qui vous critique car cela signifie que ses propos ne vous ont pas touché et qu’ils ne vous concernent pas.
Restez stoïque et montrez de l’indifférence face aux propos tenus. L’agresseur aura tendance à se lasser et recherchera une autre victime.
Clarifier ce qui vous est reproché
Le dénigrement est une critique gratuite. Elle n’a d’autre valeur que de vous abaisser.
Dans ce cas, demandez des faits et des preuves. Refusez les généralités (tous les jours, toujours, jamais…) et demandez une définition sur les mots employés quand vous êtes directement touché(e). Par exemple, si on vous dit que « vous êtes nul(le), vous ne faites pas votre travail correctement », faites préciser ce que veut dire « nul(le) », que veut dire pour votre interlocuteur « un travail correct » …
Jouer le miroir
Un peu plus haut, j’ai évoqué le problème de la projection. Vous pouvez, dans ce cas, utiliser la synchronisation de la PNL (Programmation Neuro Linguistique) pour renvoyer un effet de miroir. Cette technique est d’autant plus efficace lorsque l’autre est dans l’exagération.
Par exemple, si votre manager vient vous interpeller en posant ses deux bras écartés sur votre bureau, prenez la même posture et le même ton que lui pour lui répondre. S’il rentre dans la pièce en gesticulant et en hurlant, faites de même pour rétorquer. Cette attitude devrait le déstabiliser et lui faire prendre conscience de son comportement. Quand ce n’est pas le cas, vous pouvez vous attendre à une question du type « Ça ne va ! Qu’est-ce qui vous prend ? » et répondre « Je vous pose la même question ». Rappelez-lui que quel que soit le reproche qu’il peut vous faire, vous avez le droit au respect (sur le fond et sur la forme).
Quand on vous demande l’impossible
Il est très facile de vous reprocher un travail que vous n’avez pas fait ou mal fait quand les conditions pour le réaliser sont volontairement « sabotées ».
Sachez alors poser des limites avec le oui sous condition : c’est possible sous condition de temps, argent, ressources, personnel, avec les documents en temps et en heure de la part du client…
Rendez à César ce qui lui appartient. En entreprise, votre manager doit vous donner toutes les ressources nécessaires pour que vous puissiez accomplir la tâche demandée. Sinon rappelez lui que pour réaliser l’impossible, il n’y a que deux options : s’adresser à Dieu ou à sa hiérarchie !
Coupez symboliquement les liens qui vous unissent
Pour vous défaire de cette relation toxique, vous pouvez également couper symboliquement les liens qui vous unissent à votre agresseur en utilisant la méthode des bonhommes allumette de Jacques Martel.
Pour en savoir plus, je vous invite à regarder les vidéos suivantes :
4.3 Quand vous constatez les faits
Dans certaines situations, vous vous retrouvez être observateur de la relation qui s’installe entre le persécuteur et la victime (qui peut être vous-même) sans vouloir prendre pour autant le rôle du bouc-émissaire ou du sauveur.
Les trois pratiques suivantes font appel à l’intention, à la compassion et nécessitent d’être répétées régulièrement pour en voir les effets bénéfiques.
Faire preuve de compassion
Peut-être que vous saurez voir au-delà des apparences et comprendre la souffrance de votre agresseur, ce qui ne signifie pas lui pardonner son comportement.
Vous pouvez ainsi déstabiliser la personne en faisant preuve de compréhension et de compassion avec une phrase du type « Vous n’êtes pas obligé de vous comporter de la sorte pour être aimé« . Répétez la phrase autant de fois que la situation l’exigera jusqu’à ce qu’elle soit entendue. Si l’amour n’a rien à faire dans le travail, demandez si elle préfère être détestée. Si la réponse est autre que non, vous pouvez tenter la phrase inverse « Vous n’avez pas besoin non plus de vous comporter comme ça pour être détesté(e) » (cela permet de prendre en considération les demandes de strokes négatifs dont je vous parlais plus haut).
Le Ho’oponopono
Le Ho’oponopono est une méthode de guérison hawaïenne expérimentée par le Docteur Ihaleakala Hew Len. Elle consiste à déclarer en focalisant ses pensées sur les personnes concernées : « Je suis désolée, pardonne-moi s’il te plaît, merci, je t’aime. »
Voir également l’article sur ce sujet en cliquant ici.
Un exercice de visualisation
Je vous propose également un exercice de visualisation.
Visualisez l’épaisse fumée entourant la personne hostile et représentant la partie sombre qui l’empêche d’être elle-même (elle m’aime). Dissipez cette fumée par les moyens qui vous conviennent (en soufflant dessus par exemple) jusqu’à ce qu’elle disparaisse complètement et laisse apparaître son enfant intérieur que vous entourez alors d’une aura de bienveillance et de compassion. Imaginez cet enfant grandir et devenir l’être rayonnant qu’il est aujourd’hui lui-même (lui m’aime).
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