Apprentissage et temps d’intégration
Pourquoi un changement d’habitude prend-il généralement autant de temps ? Quelles sont les étapes ? Comment procéder concrètement pour changer ?
Pourquoi un changement d’habitude prend du temps ?
Changer une habitude signifie adopter un nouveau comportement. Vous devez donc déconstruire un automatisme pour en recréer un nouveau. Selon la complexité du changement à réaliser, les différentes étapes (voir ci-après) peuvent prendre énormément de temps avant d’être pleinement intégrées. C’est un phénomène normal dans le processus d’apprentissage, d’autant plus qu’il faut également tenir compte, dans le cas d’une habitude, du temps nécessaire pour que la nouvelle action mise en place remplace l’ancienne.
Les étapes pour changer d’habitude
1. La prise de conscience
Pas de changement sans prise de conscience (voir l’article « Ce que j’ignore » à ce sujet), ni motivation à changer. Ces deux éléments sont nécessaires pour agir différemment.
2. L’observation du comportement en place
Une habitude est une action que nous effectuons régulièrement et de façon automatisée. Cela signifie que vous n’avez plus conscience de votre propre schéma de fonctionnement et qu’il vous faut redécouvrir les différents moments clés qui constitue cette habitude.
3. La recherche de solutions
Dans cette phase, vous continuez à fonctionner selon vos anciennes habitudes. Cependant, vous êtes en mesure de mener une réflexion sur votre façon de fonctionner et donc de trouver des solutions alternatives à la situation que vous voulez changer. A ce stade, les options sont théoriques.
4. La correction à postériori
Quand vous vous sentirez prêt, vous saurez non seulement le moment opportun pour agir différemment mais surtout comment procéder. Pendant un certain temps, vous continuerez sur la lancée de votre mauvaise habitude. La différence avec l’étape précédente, c’est que vous pourrez petit à petit effectuer des corrections à postériori et observer les effets induits.
5. Le nouveau comportement
Au fur et à mesure, vous saurez corriger votre attitude de plus en plus rapidement jusqu’à anticiper puis mettre en place le nouveau comportement. L’apprentissage sera alors terminé.
6. La nouvelle habitude
Malheureusement, ce n’est pas parce que vous savez comment faire, que vous l’avez mis en pratique que cela devient pour autant une habitude. Selon l’expert que vous interrogerez, il faut entre 21 jours et un an pour installer une nouvelle habitude dans sa vie. Tout dépend de sa complexité, de votre motivation, de votre assiduité, des bénéfices ou contraintes que cela vous apporte. C’est tout l’enjeu de cette dernière étape.
Comment procéder pour changer d’habitude
1. Pour prendre conscience
- Acceptez de vous remettre en question et recherchez la part de responsabilité qui vous revient réellement.
- Écoutez les critiques positives et constructives lorsqu’elles proviennent d’un entourage bienveillant.
- Soyez à l’écoute des autres messages qui vous sont adressés et qui génèrent en vous des émotions désagréables (mal-être, colère, énervement, tristesse, honte…). Si cela vous touche, c’est qu’il y a généralement une part de vérité dans la critique que vous avez reçue (ce que j’appelle les cadeaux mal emballés) et que vous ne voulez pas reconnaître. Acceptez cet état de fait pour pouvoir travailler dessus.
2. Pour observer le comportement en place
- Prenez une posture d’observateur pour avoir du recul sur ce qui se passe.
- Faites-vous aider par vos proches pour répertorier les situations où vous souhaitez changer d’habitude. Si on vous reproche régulièrement un tic de langage par exemple, demandez-leur de vous prévenir à chaque fois qu’ils le constateront. Petit à petit, vous serez en mesure de redevenir observateur de vous-même et d’identifier le point d’inflexion qui permettra d’obtenir des résultats différents en agissant autrement. Vous aurez réussi cette étape lorsque vous serez capable de vous dire « c’est à ce moment-là qu’il aurait fallu que je modifie mon comportement ».
3. Pour trouver des solutions
- Prenez du recul, revisualisez la situation et cherchez un autre moyen d’agir ou d’autres propos à tenir.
- Vous aurez réussi cette étape lorsque vous serez capable de vous dire « J’aurai dû (pu) dire (ou faire) ça à ce moment-là ».
- Ne culpabilisez pas de ne pas avoir fait ce qu’il fallait pour changer. Ce stade est un passage obligé avant de pouvoir poursuivre.
4. Pour corriger une mauvaise habitude
- Soyez respectueux de votre engagement avec vous-même.
- Acceptez l’idée de changer votre mode de fonctionnement en cours de route même si cela peut dérouter certains de vos interlocuteurs.
- Si vous éprouvez le besoin de vous justifier, utilisez des phrases telles que : « je me rends compte que je me suis mal exprimé(e), ce que je voulais dire c’était… » ; « je me suis rendu(e) compte qu’en faisant ça, je ne me respectais pas et j’ai donc décidé de faire différemment… » Expérimentez différentes options selon le contexte et observez ce qui est le plus pertinent par rapport aux impacts et résultats souhaités.
5. Pour mettre en place un nouveau comportement
- Souvenez-vous que vous êtes en train d’apprendre. Vous allez échouer, vous tromper… et cela fait partie du processus d’apprentissage !
- Pratiquez le plus possible. C’est en forgeant qu’on devient forgeron…
6. Pour conserver une nouvelle habitude
- Soyez persévérant et discipliné !
- Félicitez-vous à chaque stade, comme si c’était un « examen » réussi avant l’obtention d’un diplôme. Chaque étape à sa raison d’être.
- Laissez-vous le temps d’intégrer ces nouveaux apprentissages à la fois dans le corps et dans l’esprit. Vous allez voir petit à petit votre environnement se transformer et devoir vous adapter en conséquence.
- Soyez patient, respectez-vous et le reste suivra dès lors que vous poursuivrez dans cette voie.
Un cas concret pour illustrer le changement d’habitude
La prise de conscience : En suivant des formations et en lisant des magazines spécialisés, j’ai appris que non seulement le cerveau ne comprenait pas spontanément la négation mais qu’en plus la communication « négative » avait des impacts émotionnels et physiques sur chacun de nous. J’ai donc décidé de changer ma façon de communiquer et de mettre place des formulations positives.
L’observation : A partir de ce moment-là, je me suis effectivement rendue compte qu’à chaque fois que quelqu’un formulait une phrase négativement, cela me faisait réagir. Suite à ce constat, j’ai commencé à observer et analyser ma propre communication. J’ai constaté que j’utilisais parfois des phrases toutes faites telles que : ce n’est pas grave, n’hésitez pas à me rappeler, ce n’est pas mal…
La recherche de solutions : J’ai fait le constat que je formulais un certain nombre de phrases de façon plus ou moins automatique. J’ai donc recherché ce que je pouvais dire à la place : c’est OK pour moi, je suis à votre écoute si vous voulez appeler, c’est bien…
La correction : J’ai commencé par l’écriture. Après avoir rédigé le texte, je relisais et j’apportais les corrections. Au début, j’avais du mal à savoir comment formuler les phrases mais petit à petit, j’ai réussi à faire les modifications qui s’imposaient de plus en plus rapidement. A l’oral, il m’arrivait d’utiliser des expressions négatives comme « ne t’inquiète pas ». Lorsque c’était le cas, je disais immédiatement « je voulais dire rassure-toi ».
Le nouveau comportement : Il est ensuite arrivé un moment où, juste avant de dire ou d’écrire la phrase négative, j’avais en tête une autre phrase de remplacement. J’ai donc pu, moyennant un effort d’attention, changer ma formulation et gagner en fluidité dans mes propos.
La nouvelle habitude : J’ai dû rester vigilante pendant plus d’un an avant de constater que mes efforts avaient portés leurs fruits à la fois dans mon comportement mais également dans celui de mon entourage.
Si tu veux voler avec les aigles, tu devras arrêter de nager avec les canards.
T. Harv Eker
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