Interview de Delphine Leroux, coordinatrice événementiel Team building et management participatif, par Sophie Herrault – coach en motivation et intelligence émotionnelle et romancière (www.livre.sophieherrault.fr)

Sa démarche : Créer du lien et du sens pour ceux qui en ont besoin.


1. Présentation de Delphine LEROUX

Sophie Herrault : Bonjour à tous ! Si vous vous demandez qui est ce bout de femme dynamique, imaginative pleine d’humour et qui arrive ce tour de force de vous faire travailler sur un objectif professionnel tout en partager un moment convivial, c’est que vous venez de faire la connaissance de Delphine Leroux ! Delphine dirige l’entreprise Coezi (www.coezi.fr). Elle est créatrice de jeux, animatrice et facilitatrice d’ateliers au sein d’événements d’entreprise. Elle propose des team building et du serious play.

2. Quels sont les objectifs et les limites du Team building et du Serious Play (*) ?

Les objectifs : tester et apprendre par le jeu

Je suis très intéressée par les comportements. Déjà dans mes études, la psychologie et la sociologie me fascinaient. Mais ensuite découvrir toutes les pédagogies sur l’enfant ainsi que les neurosciences m’ont ouvert des portes supplémentaires. Le jeu permet l’apprentissage sans enjeu et c’est tout le propos au sein de mes ateliers. Le cerveau a besoin de diversité pour rester dans le coup. Le jeu permet cette stimulation. L’avantage du jeu c’est le retour sur erreur tout de suite. On n’avance plus dans le jeu, on a manqué quelque chose, on revient sur nos pas, on refait autrement, c’est le test and learn (tester et apprendre). Constater que c’est une erreur n’est pas un échec, loin de là ! C’est la meilleure source d’apprentissage. Il vient renforcer nos circuits neuronaux à chaque nouveau test et ainsi solidifie l’apprentissage.

Les limites

Il n’y a pas de limites au serious play. On peut tout ludifier. La limite c’est la continuité des actions dans le temps des participants. Le jeu est un déclencheur, il vient ouvrir les yeux sur une situation, il vient donner un nouvel angle de vue, il vient percuter nos croyances et montrer nos rapports aux autres. Si cela ne s’associe pas d’actions véritables sur le long terme au sein des organisations, le collectif n’en tire pas tous les bénéfices qu’il pourrait. Une réplique de Robin William dans Le cercle des poètes disparus résume bien le propos avec justesse « Dès que l’on croit savoir, il faut changer de point de vue pour l’observer sous un angle nouveau, prendre de la hauteur et s’y obliger sans cesse. » C’est ça la limite. On croit savoir, on a mis le doigts sur quelque chose, alors on doit aller plus loin. Il faut continuer de chercher et de remettre en question sa façon de voir les choses.

L’autre limite également est de croire que le team building va venir palier une formation. C’est au mieux un pansement sur une jambe de bois, au pire du green washing (image de responsabilité écologique trompeuse). On ne met pas en place du team building pour pallier des problèmes relationnels profonds ou pour étouffer une situation que l’on ne veut pas regarder en face. Quand les vraies raisons de conflits internes devraient faire l’objet d’un accompagnement ou d’une formation, c’est là que mon expérience est importante. Comprendre et analyser que l’on me contacte pour les mauvaises raisons, c’est là la pédagogie de Coézi également. On ne remplace pas une formation par du team building et inversement. Formation et Team building c’est le combo gagnant.

3. Comment peuvent-ils fédérer les collaborateurs et améliorer le fonctionnement d’une équipe ?

Delphine Leroux : Le team building vient fédérer. Le serious play pas nécessairement. Ce n’est pas son but premier.

On vient toucher à la motivation. Le team building recrée cette grande joie quand on fait du sport collectif par exemple et d’avoir réussi quelque chose en commun. Il vient répondre à une satisfaction du vivre ensemble et surtout nourrit le fait d’appartenir à un groupe social parce que l’on vient de réussir quelque chose ensemble. Une des grandes peurs collectives c’est celle d’être rejeté·e. Nous sommes des êtres sociaux, je pense qu’on l’a suffisamment compris avec la pandémie. Être coupé·e des autres nous affecte, ne plus avoir cette sensation de faire partie d’un tout nous déconnecte et peut nous faire basculer dans la frustration voire le chagrin. Donc ces moments de joies collectives et de vécus communs fédèrent.

Le serious play n’a pas pour vocation de venir fédérer, c’est une des retombées possibles, mais pas nécessairement. Il éveille les consciences. Et d’ailleurs j’ai vu à plusieurs reprises des participants se rendre compte qu’ils n’étaient pas à leur place dans leur job, dans cette équipe, qu’il fallait réinventer leur missions, voire même pas à leur place dans cette entreprise. J’ai eu des retours de personnes qui finalement ont trouvé de nouvelles voies, sont parties dans d’autres secteurs ou d’autre type de poste, ont retrouvé du sens à titre individuel par leur départ. Notre force, c’est la médiation que nous faisons à la suite du jeu et des déclics se créent chez les participants sur leur façon de travailler, de collaborer ou non, de manager, leur manque d’outillage ou de formation sur certaines techniques…

Donc l’un vient répondre à l’interconnaissance, passer un bon moment ensemble, de façon informelle, parler d’autre chose que du boulot, de réussir des jeux ensemble…cela fédère car on remet doucement de l’émotionnel et de la relation humaine simple dans les organisations et ça consolide des relations de confiance.

L’autre est plus « technique », il permet de monter en compétence sur la communication avec autrui, de gagner en empathie sur les attitudes et émotions de ses collaborateurs, de mieux comprendre leurs enjeux dans leurs métiers, différents du sien, de comprendre qu’être authentique ou laisser l’autonomie à ses équipe est un facteur de succès pour tou·tes. Il vient déconstruire des croyances, des interprétations que tous les humains ont et font, et comprendre que notre vision du monde n’est pas le monde.

4. Quelles sont les grandes étapes clés d’un team-building réussi ?

Que ce soit le team building ou le serious play il faut une vraie transparence des motivations réelles pour cet événement pour que l’on puisse répondre au mieux à la demande et du côté des participants c’est du lâcher prise, se laisser porter par les activités. Et si ces 2 conditions sont réunies, c’est un succès.

5. Quels seraient les 3 conseils que tu donnerais pour mettre en place une animation type team building ou serious game ?

Delphine Leroux : Que ce soit le team building ou le serious play, le début c’est la fin. Avec quoi veulent-ils que les participants repartent ? Pour quelle raison le fait-on ? C’est la clé de la réussite car proposer du team building à une équipe en souffrance par exemple, on aggrave la situation. Plus les commanditaires sont sincères dans la transmission du contexte, plus on propose quelque chose adhoc. Parfois on leur somme de ne pas trop nous en dire mais ils se tirent une balle dans le pied dans ce cas.

Ces moments sont des temps forts importants pour toute l’entreprise, tous postes confondus. Tout le monde doit y participer, à moins bien sûr que l’on veut juste un service dans les cas de très grosses entreprises. J’entends par là que collaborateurs, managers, la direction, tout le monde doit participer, au même titre, en tant que participant·e à cette journée. Une direction qui ne participe pas, le message est très clair « Il y a vous et il y a moi, je ne fais pas partie de cette entreprise au même titre que vous, je suis à part ». Je me suis vu refuser des prestations où la direction refusait de participer, car c’est contreproductif.

Et dernier aspect, primordial pour le serious play surtout, ce type d’événement doit être soutenu, si ce n’est porté, par la Direction, en accord avec les valeurs de l’entreprise. Si l’impulsion est donnée par les services RH par exemple (c’est souvent le cas pour nous), cela doit être avec le soutien total de la Direction. On ne vient pas éveiller les consciences des collaborateurs si la Direction n’a pas elle-même fait le boulot, ou n’y croit pas. On ne change pas une organisation par sa base car on épuiserait les collaborateurs qui seraient sans cesse confrontés à la réticence, voir le sabotage pur et dur des postes encadrants.

En savoir plus sur Delphine Leroux

Sophie Herrault : Peux-tu en dire un peu plus sur ta pratique ?

Delphine Leroux : Dans le team building j’ai des jeux qui permettent de découvrir un peu le territoire. J’affectionne particulièrement l’Histoire, le patrimoine et je le valorise dans les jeux.

Par-dessus tout, je suis une grande fan des « jeux à la con », plus c’est absurde plus on s’amuse à les animer. Donc on a un Burger Coéizz avec les anecdotes de l’entreprise, c’est l’émission d’Alain Chabat mixée à notre sauce, un jeu sur des fausses affiches de cinéma, sur les pubs et films des années 80 et 90 et de la construction de radeaux à tester en mer sur 4 spots répartis en Loire Atlantique, Vendée et Morbihan.

En serious play, je fais du sur mesure en fonction du contexte et besoin de l’entreprise. Mais j’en ai plusieurs qui peuvent être une base adaptable à la demande de l’entreprise.

Sophie Herrault : Comment peut-on te contacter ?

Delphine Leroux : 06 23 99 05 87 // contact @ coezi.fr

Sophie Herrault : Un grand merci, Delphine, pour tes réponses.

Les liens utiles :

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