Interview de Vincent Lebreton, dirigeant de l’entreprise Atlantique Ouvertures

Ce que vous allez découvrir dans cette interview :

  1. Pourquoi l’environnement a pris une place aussi importante chez Atlantique Ouvertures ?
  2. Quelles ont été les démarches faites en ce sens ? Comment Vincent Lebreton les a mises en place ?
  3. Quels ont été les effets sur les salariés, les fournisseurs et les clients ?
  4. Les conseils de Vincent aux dirigeants qui voudraient aller plus loin dans cette démarche

Interview de Vincent Lebreton, dirigeant de la société Atlantique Ouvertures (www.atlantiqueouvertures.com), par Sophie Herrault – coach en motivation et intelligence émotionnelle et romancière (www.livre.sophieherrault.fr)

Sa démarche : Construire dans le respect de nos écosystèmes


L’interviewé : Vincent Lebreton

Sophie Herrault : Bonjour à tous ! Aujourd’hui, j’ai l’immense plaisir d’interviewer Vincent Lebreton. Vincent, bonjour.

Vincent Lebreton : Bonjour Sophie.

Sophie Herrault : Vincent est le dirigeant de l’entreprise Atlantique Ouvertures, qui fabrique localement et pose des menuiseries aluminium et PVC. Je vous recommande vivement d’aller voir leur site car ils font des choses exceptionnelles.

1. Pourquoi l’environnement a pris une place aussi importante dans ton entreprise ?

Sophie Herrault : Le thème de cette interview est « Entreprise et environnement ». Pour certains, la prise en compte de l’environnement est une obligation, un fardeau. Pour Atlantique Ouvertures, c’est une démarche qui va bien au-delà. Qu’est-ce qui fait que l’environnement a pris une place aussi importante au sein de ton entreprise ?

Vincent Lebreton : J’ai repris la direction d’Atlantique Ouverture il y a un peu plus de dix ans. C’est l’époque où on a commencé à en parler beaucoup plus et moi j’avais cette sensibilité-là. On a tous en tête les écosystèmes. Mais dans les écosystèmes, on va retrouver derrière ça l’économie et l’écologie. Moi, j’ai toujours considéré que c’était indissociable, que les deux devaient fonctionner ensemble. Dans un contexte où le réchauffement climatique s’accentue, d’année en année, il fallait absolument qu’on donne du sens et qu’on travaille différemment.

2. Quelles ont été les démarches faites en ce sens ? Comment les avez-vous mises en place ?

Sophie Herrault : Qu’est-ce qui a été mis en place au sein d’Atlantique Ouvertures concernant l’environnement ? Comment cela s’est articulé ?

Des formations pour mieux comprendre les enjeux environnementaux

Vincent Lebreton : Dès 2011, nous avons commencé les formations Fee Bat autour des professionnels de la performance énergétiques.

Sophie Herrault : Fee Bat, c’est ?

Vincent Lebreton : C’est un organisme qui a permis de faire les formations qui donnent droit maintenant au RGE, reconnu et garant de l’environnement. C’est devenu obligatoire en 2014 et nous nous étions déjà prêts en 2011. J’ai fait parti des toutes premières formations à l’époque. Une vingtaine de personnes des équipes techniques ont été formées dès 2011. Cela nous a permis d’aller plus loin dans notre démarche, parce que notre métier est de remplacer des fenêtres et nous faisons aussi beaucoup de rénovations, de prendre conscience à pourquoi est-ce qu’on le fait et dans quel cadre. Et pourquoi l’état donne aussi des primes pour améliorer le quotidien des Français et notamment l’isolation des maisons. Certains de mes collaborateurs n’étaient pas tous au même niveau et cela a permis de remonter le niveau de conscience de chacun. Ça a été le démarrage de notre aventure.

Un travail sur le recylage des déchets

Vincent Lebreton : Ensuite, on a lancé un gros travail sur le traitement des déchets, qui a duré trois ans et qui continue encore aujourd’hui parce qu’à chaque fois on a toujours quelque chose qu’on peut faire un petit peu mieux.

Sophie Herrault : Je sais qu’il y a des bennes pour chaque type de tri. Ça, c’est lié à l’atelier. Il y a aussi eu des choses de faites avec les salariés. Une entreprise qui serait dans la prestation de service pourrait aussi le faire…

Vincent Lebreton : C’est vrai qu’on a une petite déchetterie chez nous. On dépose beaucoup d’anciennes fenêtres par exemple. On a travaillé avec des prestataires qui nous ont permis de recycler toutes les anciennes fenêtres qu’on dépose. Le verre repart chez les entreprises qui font du float (verre flotté), le bois est broyé er repart comme carburant pour l’instant car il y a beaucoup trop de plomb dans les peintures, et la ferraille repart dans le circuit de la ferraille. Il n’y a plus rien qui est enfoui dans nos produits. On parle des fenêtres en bois mais sur l’aluminium, c’est la même chose : toutes les chutes sont recyclées. On traite le carton, le papier. Ça a été une prise de conscience collective parce qu’il a fallu apprendre à chacun à ne pas tout mettre dans la benne tout-venant. C’est un travail qui reste du quotidien mais il a été collectif.

Sophie Herrault : Aujourd’hui, le taux de recyclage représente quelle part dans ton entreprise, pour avoir une idée ?

Vincent Lebreton : On doit être actuellement à au moins à 85-90% de recyclé. La benne tout-venant est celle qui part le moins souvent maintenant. On a retravaillé sur les produits, sur certains panneaux qui étaient difficiles avec de la mousse en polyuréthane. Aujourd’hui, nous avons trouvé des gens pour recycler ce genre de choses. En fait, ce sont des partenariats avec des gens qui ont la capacité à le faire. Il faut les chercher, les trouver et passer un petit peu de temps dessus.

Une autre façon de penser les déplacements

Vincent Lebreton : On a travaillé ensuite sur les déplacements. On a modifié pas mal de choses sur les véhicules. Notamment nous avons supprimé les galeries qui nous faisaient consommer beaucoup plus de carburant et dégageaient du CO² supplémentaire. Nous avons optimisé nos temps de transport. Nous avons fait plusieurs opérations de ce type-là.

Préserver les abeilles tout en récoltant du miel

Sophie Herrault : Ce que j’ai aussi beaucoup aimé dans la démarche que tu as mis en place avec l’entreprise, c’est d’installer des ruches. Comment est venue cette idée ?

Vincent Lebreton : C’est d’abord une rencontre. C’est même toujours une rencontre ! J’ai rencontré notre apiculteur qui a commencé à développer ce système de ruches et j’ai aimé le concept. Simplement, il met à disposition des ruches, son savoir-faire, pour que nous puissions avoir des abeilles sur nos sites. On sait tous que l’abeille, c’est le symbole de la vie, qui transporte le pollen, qui permet aux fleurs et aux arbres de continuer à se développer. Et on sait également qu’aujourd’hui elles sont menacées par les différents traitements agricoles, en tout cas quand c’est fait de façon un peu trop industrielle. L’idée était de faire un clin d’œil et d’avoir ces abeilles chez nous qui représentaient ce côté laborieux, parce que ça fait aussi parti d’Atlantique Ouvertures, et c’est vrai qu’elles sont travailleuses ! Et c’est quand même la vie…

Sophie Herrault : Aujourd’hui, vous récupérez la production de miel…

Vincent Lebreton : La récolte est distribuée aux salariés. On a trois ruches et en fonction des années, il y en a qui fonctionne plus ou moins bien, en fonction des cultures qui sont faites autour. En 2019, nous avons eu la chance d’avoir eu une culture de blé, de sarrazin juste à côté. Nous récoltons 25 à 30 kilos de miel par an.

Sophie Herrault : De quoi faire plaisir à tout le monde !

Vincent Lebreton : De quoi faire plaisir à nos salariés d’abord, et à nos clients également quand on peut.

Agir avec le maximum d’impacts au niveau local

Vincent Lebreton : Mais toutes ces actions n’étaient pas dans un cadre. Nous n’avons pas d’obligation RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises). C’était une démarche que nous voulions faire. J’ai voulu m’inscrire dans un groupe de travail qui n’a pas réussi à se constituer à l’époque, et nous avons voulu border notre travail autour du RSE par la démarche BIOM. BIOM avait un intérêt, c’était un acteur local, quelqu’un de Nort-sur-Erdre qui lançait cette aventure-là. Et nous l’avons démarré en 2016. L’idée, c’est de former une communauté et de voir à quel point les entreprises locales sont capables de recycler localement l’argent qu’elles dégagent. En 2016, nous avions un résultat de 44%, c’est-à-dire que sur le prix d’une fenêtre à 100€, 44€ restaient sur le territoire, via les impôts, les salaires, les dividendes, les charges sociales… C’est ce qui a bordé notre démarche parce que pour aller chercher ces 44%, il y a un audit qui est fait à partir de notre comptabilité et à travers les actions que nous menons au quotidien. Ça nous a permis d’avoir les points positifs et les points à améliorer ! C’est ce qui nous sert aujourd’hui de base. Nous sommes passés de 44% à 52% après le deuxième audit. C’est ce qui nous permet d’avancer et d’améliorer notre taux d’argent recyclé sur le territoire.

Sophie Herrault : Donc d’agir avec le maximum d’impacts au niveau local.

Vincent Lebreton : C’est ça.

3. Quels ont été les effets sur les salariés, les fournisseurs et les clients ?

Sophie Herrault : Quels ont été les effets sur les salariés, les fournisseurs et les clients par rapport à cette démarche environnementale ?

Des salariés qui se reconnaissent dans les valeurs portées au quotidien par la société

Vincent Lebreton : Pour ce qui est de la question environnementale, on sait qu’elle a pris de l’importance dans la conscience de la population, en tout cas une grande majorité. Donc on a commencé par former 100% de nos salariés à savoir ce qu’était BIOM. C’est un réseau, un groupe de personnes qui essaient de partager des valeurs. Et je ne pouvais pas imaginer que l’ensemble des salariés ne partagent pas ces valeurs-là. Nous avons fait une première formation avec tout le personnel administratif et commercial qui a duré une matinée. Ce n’est pas habituel chez nous de faire ce type de grande réunion. Si les salariés sont venus un peu réticents en disant qu’ils avaient autre chose à faire, ils sont tous repartis, après avoir déjeunés tous ensemble, avec des questionnements permanents. Ça correspond tellement à nos valeurs. Ça a été un beau moment de partage. Beaucoup se sont dits « mais moi, c’est comme ça que je vis, je fais attention quand j’achète, je vais acheter la viande chez mon voisin… » En fait, il y a plein de choses qu’ils savaient déjà. Mais effectivement comme toute démarche, BIOM, cela permet de marquer les choses un peu plus que d’avoir une démarche qui ne soit pas trop encadrée. Là, cela donne un cadre en réalité.

Des clients initiés et engagés

Vincent Lebreton : Tous nos clients sur les devis sont informés. Cela leur permet de savoir qui ils ont en face d’eux. Nous avons une concurrence par exemple des Pays de l’Est, qui peut venir de Turquie… Aujourd’hui, quand on prend des menuiseries chez Atlantique Ouvertures, on sait qu’elles ont été fabriquées à Vigneux de Bretagne en Loire-Atlantique (44), qu’elles sont posées par des salariés locaux qui sont tous salariés d’Atlantique Ouvertures. Donc pour avoir 52% de taux BIOM, il faut passer par là. Quelqu’un qui achète ses fenêtres au Portugal et qui fait venir des roumains pour les poser, il n’y arrivera pas. C’est très clair. C’est aussi une façon de montrer ces atouts locaux.

Des fournisseurs impliqués

Vincent Lebreton : Et pour ce qui concerne les fournisseurs, comme nous sommes dans un réseau, on informe nos fournisseurs de cette démarche et à chaque fois qu’un de nos fournisseurs rentre dans cette démarche, on récupère son pourcentage BIOM, c’est aussi ce qui va nous aider à remonter.

Sophie Herrault : Tout le monde est gagnant à fonctionner localement.

Vincent Lebreton : On y a tout intérêt. On s’est aperçu, parce que ce sont des choses que l’on ne regardait pas, que nous avons plus de 80% de nos fournisseurs qui sont dans un rayon de moins de cent kilomètres autour de l’entreprise. Bien évidemment, on a aussi de gros achats stratégiques qui sont faits en dehors de ces zones-là, quand on achète de l’aluminium, du PVC, on a besoin d’aller chercher de la technique et on est obligé d’aller chercher un peu plus loin. Mais à chaque fois qu’on le peut, on est local.

4. Quels conseils donnerais-tu aux dirigeants qui voudraient aller plus loin dans cette démarche ?

Sophie Herrault : Tu as peut-être donné envie à des dirigeants d’entreprise d’aller plus loin, qui se disent qu’ils peuvent peut-être faire quelque chose pour l’environnement, quels conseils tu leur donnerais ?

Vincent Lebreton : Au vue de notre expérience, on a démarré en faisant plein de petites choses. Et je pense que chacun fait déjà plein de petites choses. Tous les dirigeants d’entreprise ont aujourd’hui pris conscience qu’il y avait un intérêt de faire les choses mieux, à être dans une réflexion écologique au sens étymologique du terme. Je pense que chacun a lancé plein de choses dans son entreprise. Ce qui fera la différence, c’est de mettre un cadre. Nous, ça a été BIOM parce qu’on a fait cette rencontre à un moment. Chacun va trouver son cadre mais c’est plus facile de structurer la démarche quand il y en a un. Ça permet aussi d’avancer plus vite. On n’est pas à faire quelque chose là, quelque chose là… On rentre dans une démarche plus construite. Si on veut aller plus loin que ce qu’on fait au quotidien, il faut trouver la démarche qui nous convienne et rentrer dans une démarche structurée.

Pour trouver Atlantique Ouvertures

Sophie Herrault : Les personnes qui veulent en savoir plus, où peuvent-ils retrouver Atlantique Ouvertures ?

Vincent Lebreton : Nous avons un site internet www.atlantiqueouvertures.com et une page Facebook Atlantique Ouvertures.

Sophie Herrault : Merci Vincent d’avoir répondu à toutes mes questions.

Vincent Lebreton : Sophie, c’était un bonheur.

Partenaires de la démarche environnementale :

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